dimanche 28 septembre 2008

Du Chapeau de Gendarme et de la Madeleine de Proust

Se promettre depuis au moins 5 ans qu'on va y retourner, que ça fait trop longtemps, mais ne rien prévoir… Et puis comme toujours, c'est quand le malheur frappe (ou semble frapper, je ne sais pas de quel bois ma grand tante est faite, mais ça a l'air d'être du costaud de chez costaud) que les décisions se prennent toutes seules, d'elles mêmes.

Coup de fil vendredi soir de mon oncle, la plus vieille de mes grands tante est dans le coma, ma grand mère (sa sœur) ne peut pas monter toute seule, il faut l'emmener, on y va dimanche.

Voilà, comme ça, en même pas 30 secondes, j'y retourne alors que ça doit faire peut être 12 ans que je n'y ai pas mis les pieds. 12 ans ! Une éternité ! Que vais-je y retrouver vraiment ? J'y ai laissé tellement de souvenirs de mon enfance et de mon adolescence…

La route, on la connaît par cœur, les étapes s'enchaînent, beaucoup de choses ont changé : la forme de la route, par exemple, des terre pleins centraux sont apparus un peu partout ; les abords des villes, même petites, se sont emplies de ces zones commerciales identiques et anonymes. Il fait froid, brumeux, il est tôt…

Et puis il est là, pareil à lui même. Le Chapeau de Gendarme. Comme toujours, on tord le cou pour le voir bien, comme toujours il nous dit que les lacets vers Septmoncel sont bientôt finis, qu'une fois là haut, nous sommes presque arrivés à destination, bientôt arrivés en Suisse !
La Suisse ! Cet ailleurs si exotique pour l'enfant que j'étais, un autre monde, immuable, celui des vacances, la montagne, les chèvres, la neige l'hiver, les foins l'été…
Passant sous le Chapeau de Gendarme, je change de monde.

L'arrivée dans la maison… On sort de la voiture, je prends mon temps. Je n'ose pas vraiment entrer. Un doute : et si je ne retrouvais rien ? Et si tout était différent ?
Finalement les hôtesses de maison sortent nous saluer et on entre.
Et presque tout revient… L'odeur… Cette odeur si particulière de l'entrée est là et tous les souvenirs avec. Une vraie madeleine. Pas besoin de fermer les yeux, tout y est : mon arrière grand mère dans sa cuisine en train de mettre une bûche dans le fourneau afin que l'eau soit chaude pour le thé, cette double porte que je prenais pour un ascenseur et dans laquelle j'ai passé des heures à faire des "pitreries" avec mon oncle, cette porte qui mène aux écuries, désormais vides, mais c'est pas grave, elles sont là, les chèvres, l'escalier qui craque pour monter au galetas, la "côte" à laquelle on grimpe pour contempler notre domaine, et partout cet extraordinaire univers d'odeurs qui a peuplé étés et hivers de mon enfance et que je retrouve une à une.

Revoir la famille enfin. Ces gens avec qui je n'ai pas franchement de points commun (nos vies sont tellement différentes !), mais les retrouver comme si j'étais venu il n'y a pas si longtemps, comme à travers une faille temporelle, raconter les aventures, sortir les vieilles photos…
Le temps passe, on constate déjà ses effets. Je suis chanceux, encore : j'ai mûri, grandi depuis la dernière fois… Ils ont seulement vieilli.

Un pèlerinage.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Hey,

Bon courage pour tout, je t'envoies des bonnes ondes de l'autre côté de la manche!
Bisous

Septentria a dit…

Oh, le chapeau de gendarme ! Je connais la route par coeur, il y a aussi la Roche percée sous laquelle je ne manque jamais de klaxonner... (mes parents sont de là-haut, eux aussi). J'espère que ça ira pour ta grand-tante...