mercredi 19 mars 2008

Garde à vous ! Fixes !

Pauvre, pauvre école !

Sous prétexte d'un "retour aux fondamentaux" avec en ligne de mire un passé qui n'a jamais existé, nous voilà gratifiés de nouveaux programmes pour la rentrée 2008.
Marrant… Enfin, désolant plutôt !
Remise en cause de "30 ans de pédagogisme" (la formule, paraît-il fait fureur rue de Grenelle) qui n'a fait que "mener notre école au désastre", désastre amplement commenté par les résultats désastreux de nos chères têtes blondes aux tests internationaux PISA (résultats en France, site officiel en anglais et entrée dans wikipedia).
On nie des années de sérieuses et documentées recherches sur ce qu'on peut apprendre et comment. On nie des avancées certaines mettant "l'enfant au cœur des apprentissages" pour remettre le savoir en position dominante.
L'idée, enfin celle que je m'en faisais, c'est qu'il est plus important d'apprendre à apprendre plutôt que donner à apprendre, savoir faire plutôt que savoir tout court.
Un exemple : tout le monde connaît 1515. Qui peut dire qui a gagné contre qui ? Sous quel roi ? Dans quelle guerre ? Pour quels enjeux ? Et surtout qui peut me dire à quoi lui a servi de connaître cette date et ce lieu ?
C'est là du savoir brut, inutile en tant que tel. C'est pourtant là une des conceptions de l'histoire qui se dégage des programmes de l'école, des nouveaux, j'entends : des grandes dates, des grands hommes, des lieux…
Savoir, mémoriser, réciter, annoner, devenir un âne…

Je mets en lien un article fort intéressant sur les nouveaux programmes. Écrit par l'inspirateur des anciens, c'est un excellent résumé.
Voici, en outre, le lien pour télécharger le texte intégral des nouveaux programmes.
Ensuite, il faut aussi rappeler qu'on se rapproche encore un peu plus du Meilleur des Mondes d'Aldous Huxley (si quelqu'un a un exemplaire sous la main et peut me donner la phrase que les enfants apprennent en dormant, celle sur le Nil, ce serait sympa !).

PS. Pour être totalement honnête, les programmes sont actuellement en consultation. C'est à dire que l'ensemble des enseignants est appelé à s'exprimer et à donner son avis. Idéalement, une telle procédure devrait mener à leur suppression pure et simple. Soyons honnêtes, même pas paranoïaques, seulement honnêtes : la politique actuelle du gouvernement laisse à penser que les consultations se résumeront à "cause toujours, de toute manière, on fera ce qu'on voudra". On peut vaguement espérer quelques aménagements mineurs, il faut bien prétendre écouter les gens, non ?
Je peux me tromper, certes… Je peux me tromper ! Espérons-le !

5 commentaires:

j. a dit…

1515 marignan !!

Unknown a dit…

1515: Terrible bataille entre le FN et le PS pour la mairie de Marignane, gagnée par le FN, et très récemment reprise par le 15 de la... enfin par les roses.

Septentria a dit…

1515, Marignan et il y a du François 1er là-dessous (?) mais c'est bien tout ce que je peux en dire et c'est la seule date antérieure à 1789 que j'aie retenue de toute ma scolarité! ;-)

Anonyme a dit…

Salut Rampa
après avoir lu ton texte, je t'avoue que je ne suis pas d'accord avec toi. Mais cela vient peut-être que toi tu es en primaire, alors que moi je suis en collège.
"L'enfant au centre des apprentissage" est une vaste plaisanterie (pour rester poli) pour moi. Ce qui est central ce n'est pas l'élève mais le savoir. En faisant en sorte que cela soit à l'enfant de construire lui-même son savoir, on rabaisse fortement la personne du maitre (pour en faire un G.O.) mais aussi on crée des situations d'inégalités entre les gamins. En effet, cela ne peut marcher que si l'élève a autour de luiune atmosphère de "curiosité culturelle". Malheureusement, pour la plupart des élèves venant des foyers très modestes, ils n'ont pas ça chez eux. Ils sont donc dans l'incapacité de construire son savoir. C'est en tout cas ce que je vois depuis 5 ans dans ma ZEP/APV des Quartiers Nord de Marseille (avec 85 % d'élèves venant de familles pauvres ou très pauvres).
Pour ce type d'élèves (et même les autres), il me semble, dans un 1° temps (primaire et collège) au moins que c'est le prof, et non l'élève, qui doit construire le savoir que fera sien l'élève par tout un travail pédagogique.
Sur ce sujet là, je suis assez d'accord avec Finkelkraut !
Je suis en désaccord total avec toi quand tu dis que, pour toi, le plus important, c'est le savoir faire et pas le savoir. Comme je te le disais plus haut, cela est peut-être du à une différence de sensiblité entre le primaire et le secondaire. Dans mon collège, la quasi-totalité des profs nous sommes opposé à cela. Pour nous, on doit enseigné des connaissances (le savoir) et pas des compétences (savoir-faire). Malheureusement, la réforme des programmes de collèges nous pousse de + en + à évaluer des savoir-faire et pas des savoirs.

Pour en venir plus précisement à l'histoire, je ne vois pas en quoi mettre plus en avant les dates, les grands évènements et les grands hommes empêcheraient les profs d'expliquer l'histoire. Les cours d'histoire ne vont pas se transformer en des heures de récitations sans compréhensions. Ma propre expérience montre que les programmes d'histoires sont trop synthétiques, pas assez vivants. Ca manque de chair tout ça. Or le le réçit, le concret, c'est ce qui plait aux gamins. Il y a 4 ans en 6°, j'avais mimé la mort de Cesar. Je peux te dire qu'ils s'en souviennent encore. Par contre, si je leur demande pourquoi la République romaine est morte, il n'en reste rien.
Bien entendu, on ne doit pas passer d'un extrême à l'autre. On ne va pas refaire du Lavisse. Je te conseille un bouquin qui vient de sortir en poche: Alain Corbin (s.d.), "1515 et les grandes dates de l'histoire de France". On reprend les dates traditionnelles du réçit à la Lavisse et chaque spécialiste fait une remédiation scientifique. Dans la 2° partie de grands historiens, comme Le Goff (donc issue des Annales), en viennent à la conclusion que, dans l'enseignement, il faut revenir vers le fait, la date ! Très intéressant.
Il faut dire que l'on revient de loin: au début des années 80, on trouvait comme programme en 6° :"l'agriculture depuis l'antiquité à nos jours", etc...

En plus, des études internationales montrent que les élèves français ont de plus en plus de mal à se repérés dans le temps ! Revenir sur la chronologie ne peut pas faire de mal. Ce qu'oublie de dire le ministère, c'est que aussi en 1974, au collège, il y avait 5 heures d'histoire-géo (dont 2 heures en demi-groupe). Maintenant, c'est 3 heures, en classe entière !!
Je suis tout à fait d'accord avec toi pour dire que ces nouveaux programmes sont fait dans la précipitation la + totale et qu'ils ne sont fait que dans un but: une volonté d'affichage envers les parents. C'est tout !
Quand aux diférentes consultations dans l'education nationale, si on était écouté, ça se serait. Dés fois, j'ai l'impression d'être dans la peau d'un poilu lors du chemin des dames !!

Comme tu le vois, c'est un sujet qui me passionne ! Désolé d'avoir été si long !
Et au fait, 1515 ne fait plus partie des dates que tout élève doit savoir en 5 !

rampa a dit…

je plaide coupable pour 1515, c'était un exemple…

Je pense qu'effectivement, les conceptions des apprentissages sont très différentes à l'école et au collège… La manque de communication entre les deux n'en est que plus évidente, il me semble…

Je ne trouve pas que ce soit une vaste connerie, que d eplacer l'enfant au centre de ses apprentissages. Je l'ai vu fonctionner avec succès, jour après jour, j'essaie de le faire fonctionner moi même (avec moins de succès que les classes que j'ai visitées). J'estime que rendre un enfant autonome, capable de réagir, d'utiliser et d'augmenter par lui même ses connaissances est le plus beau cadeau qu'on puisse lui faire.
Lui apprendre à pécher plutôt que lui donner un poisson…
Enfin, j'imagine ce débat intarissable, il est même fort probable que nous évoluions chacun au cours de nos carrières, qui sait ?

En ce qui concerne ces programmes, ils sont à l'opposé de ce qu'est l'école primaire d'aujourd'hui, faits dans la précipitation la plus évidente afin de complaire à certains parents d'élèves.
La consultation n'est qu'une vaste blague, l'État remercie bien mal ses serviteurs…

Une chose que je n'ai pas dite dans le corps du texte, c'est que ces dates sont demandées dès le CP/CE1. En tout état de cause, c'est beaucoup trop tôt pour un enfant.