lundi 11 février 2008

Gun control

J'imagine que les gens ont entendu parler de ce qu'il s'est passé à Kirkwood: un gars qui a descendu deux policiers puis une partie du conseil municipal avant d'être abattu par la police. Inutile de dire, comme le font si bien les journalistes, que l'émotion est grande par ici… En tout cas, vous pouvez imaginer que ça a comme de nouveau soulevé le débat sur les armes. En fait, j'ai appris que la situation était différente d'un état à l'autre. Prenons (au hasard…) le Missouri. Gouverneur, Chambre des représentants et Sénat républicain. Bilan : les armes sont en vente libre (interdite aux mineurs, j'imagine). Si je veux, je peux aller dans un magasin et acheter mon arme et mes munitions. 2e exemple, totalement au hasard encore : l'Illinois. Bon, pour ceux qui le savent pas c'est en face de Saint Louis : Saint Louis est sur le bord du Mississipi, ben de l'autre côté, c'est l'Illinois. Gouverneur et Chambre démocrates. On peut acheter une arme mais je dois auparavant demander une autorisation et attendre un certain délai d'une dizaine de semaines, le temps qu'ils vérifient que le demandeur n'est pas un tueur en série en fuite, j'imagine…
Maintenant, les arguments. Déjà, le 2e amendement de la Constitution américaine de 1787 garantit à chaque citoyen le droit de porter une arme ("Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d'un État libre, le droit qu'a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé."). C'est logique dans un contexte d'émancipation d'une puissance étrangère. la constitution a été écrite peu après la fin de la guerre d'indépendance. Maintenant, ce droit est-il obsolète ? Globalement, les sociétés font le choix de remettre les moyens de coercition entre les mains de la police et de l'armée. Les États Unis ont fait le choix de le remettre entre les mains de tout le monde (je schématise…).
En un sens, tout le monde est responsable de sa propre sécurité, et il y a cette idée sous jacente que c'est aussi une garantie démocratique : si le gouvernement devient tyrannique, alors le peuple se soulèvera (n'est-ce pas là d'ailleurs son devoir sacré ? Lire la Constitution française de l'an I (de 1793) : "Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.").
Ce droit constitutionnel d'avoir une arme est défendu et me semble commun à beaucoup d'américains (pas du tout dans ma famille d'accueil, soit dit en passant).
Avec Fanny, nous avons vécu une scène hallucinante pendant le Superbowl. La personne, fort sympathique au demeurant, qui nous accueillait nous explique que si un gars rentre dans sa propriété, il n'a plus aucune droit, plus aucun car il n'a pas à rentrer dans sa propriété et qu'en gros soit il dégage, soit il crève. Pour faire simple, elle nous dit qu'elle a pas peur de tuer quelqu'un qui la menacerait et comme, son père lui a dit "shoot the guy, don't aim the man" (en gros tire pour tuer, menace pas).

Tout ça pour dire que je ne sais pas quoi en penser. D'un côté en démocrate que je crois être, en naïf que je sais être, le port d'arme ne saurait être autorisé : une société bien régulée devrait être capable de rejeter la violence d'un citoyen contre un autre et de se passer d'armes. D'autre part, les armes n'engendrent-elles pas elles mêmes la violence ? Si nos policiers n'étaient pas armés, par exemple, est-ce que cela n'aurait pas un impact positif dans leurs relations avec les citoyens ? Il me semble qu'un des premiers actes de confiance est, justement, d'abandonner ses armes pour aller à la rencontre d'autrui, non ?
De l'autre côté, nos policiers sont justement armés et, avec l'armée, ce sont -presque- les seuls (à part les chasseurs, mais il n'y en a pas tant…). Et si cette force publique, dont la mission est de servir le gouvernement, se retrouvait à servir un gouvernement tyrannique ? De quelles armes, nous, citoyens disposerons-nous ?
C'est déjà arrivé, le monde est loin d'être parfait…

(EDIT : Image cliquable)

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Reflextion intréssante.
Les policiers, les gendarmes, étant les répresentants de la force publique sont les seuls à devoir être armés (avec les militaires). Je ne pense pas que les désarmer ferra diminuer la délinquence ou l'animosité envers eux.
Cela fait partie du cintrat public qui est à la base de notre société: l'Etat doit avoir le monopole de la force (donc des armes). Maintenant que faire si l'Etat ne respecte pas ce contrat public ? Je pense qu'un action collective nationale non-violente serait à même de mettre fin à ce gouvernement. Deplus, n'oublie pas pas que depuis la seconde guerre mondiale et la guerre d'Algérie, le code de l'armée a été changé: si un ordre ne respecte pas les garanties démocrates, un militaire ne doit pas l'appliquer. Cela s'est fut l'hors du pusth des généraux en 1962.
Bien entendu, cela ne peut s'appliquer que si un gouvernement est anti-démocratique, du style régime de Vichy. Il n'y a rien qui m'énerve plus que lorsque, à propos des sans-papiers, on parle de raffles. Dieu sait que je déteste Sarko, mais comparer la politique génocidaire de Vichy (régime illégal et illégitime, je sais que l'on ne va pas être d'accord tous les deux sur ce point) avec la politique pitoyable de Sarko !
Pour revenir au sujet, je ne serais trop de conseiller de voir ce qui est pour moi la meilleure série de tous les temps: "West Wing" ("A la Maison Blanche")avec Martin Sheen dans le role du président des Etats-Unis. Un certain nombres d'épisodes tournent autour de cette problématique.
J'appréçie beaucoup tes messages américins. Continue. Bonne continuation !

rampa a dit…

The West Wing… Je les ai tous vus : j'y ai pris un cours rapide de politique américaine !
Très très très bonnes série effectivement !
Bon, on va pas revenir sur le vieux débat de la naissance de Vichy, on passerait pour de vieux radoteurs ;-)

Anonyme a dit…

Josh Lyman forever !!!!!!!!