mercredi 20 juin 2007

Le point à la mi-course


En théorie, dans un remplacement, la situation ne peut que s'améliorer… Ben pas là !
J'ai vécu hier ma pire journée de prof ! J'ai même peur que ce ne soit la meilleure des jours à venir.
Comment résumer ? Les élèves du centre, pour beaucoup, sont dans une toute puissance ravageuse. Au moindre souci, à la plus petite contrariété, ils quittent la classe (ils "fuguent", comme ils disent) et errent dans le centre. En théorie , une éducatrice est de permanence afin de gérer les conflits qui ne manquent jamais d'éclater entre les enseignants et les élèves, mais aussi afin de prendre en charge ces élèves fugueurs.
Beaucoup dépend de cette éducatrice, qui nous sert de "back up" et peut éviter que les situations ne dégénèrent totalement. Comme nous, les instits, le sommes, elle est bien seule aussi…
Quoi qu'il en soit, hier matin, 3 enfants incontrôlables sont sortis de la classe de ma collègue. On ne peut pas les retenir vraiment… Et l'éducatrice de service n'a pas fait grand chose, si ce n'est essayer de les remettre en classe (ce qui est vain : ils l'ont quittée, c'est pour une raison !) et les laisser errer dans le centre. Il sont alors décidé de s'en prendre à moi, après tout, je suis le nouveau, non ?
Ca a commencé par des cailloux à travers les fenêtres ouvertes, puis me visant directement lorsque je penchais la tête au dehors. Les fenêtres fermées, il fait 30° dehors : j'ouvre la porte ! Naïf que je suis : les voilà devannt la porte, me lançant des cailloux que j'esquive… La porte est bientôt fermée, les cailloux pleuvent dessus : chaude ambiance !
Finalement, un élève de ma casse fait mine de vouloir les rejoindre : il se lance dehors sous le prétexte d'aller aux toilettes. Je le rattrappe pour lui préciser quelles seraient les sanctions en pareil cas. Je me choppe alors, venant toujours d'un des trois élèves partis plus tôt, une pomme de pin sur le cou…
Furieux, je me retourne et vois l'éducatrice derrière moi… Je lui crie dessus que ce n'est plus possible, qu'il faut les maitnenir quelque part, ces élèves là, que je ne suis pas là pour prendre des coups et que si ça continue comme ça, je pars.
La matinée continue plutôt mal que bien et voilà midi, l'heure tant espérée de relâcher les enfants, déjà bien ébranlé par tout ça… Un de mes élèves ayant fugué finalement sur la fin de la classe à cause d'un coup qu'il a reçu d'un autre, je vais le voir pour en dicuter (la fuite n'est pas forcément une solution… En même temps, il se protège : il faut que je tire ça au clair). Pendant la discussion, je reçois une pierre dans le dos. L'élève qui vient de l'envoyer me regarde, de loin, avec un sourire victorieux sur le visage. Il en faut beaucoup pour que je me contrôle à ce moment là. Je ne fais que lui dire que je pourrais tout à fait porter plainte pour ça *soupirs*. Cet élève va être enlevé du centre et transféré, probablement, vers un hôpital psychiatrique.

Afin que le tableau soit complet, il faut savoir que l'après midi, je recevais mon conseiller pédagogique au beau milieu de ce bordel. L'après midi s'est mieux déroulée : un élève a seulement 2 fois foutu toutes les tables et les chaises de ma classe en l'air après avoir essayé de frapper un autre élève avec une balle en bois (oui, les quilles, pas une bonne idée !!).
Finalment, cette journée de rêve s'est terminée sur le conseiller pédagogique qui nous fait comprendre que nous sommes en faute professionnelle en laissant les enfants partir sans surveillance pendant la classe, mais qu'il comprend bien que nous n'avons pas le choix. Il espère, finalement, que "nous ne tombions pas pour faute professionnelle".

Voilà, on essaie de faire ce qu'on peut, le mieux qu'on espère, et nous voilà menacés d'être sanctionnés au cas où un enfant fugueur aurait la malencontrueuse idée d'aller se faire renverser sur la route toute proche alors même que nous ne pouvons le retenir.
Alors nous allons tous retourner demain à l'école nous mettre en danger, physiquement, moralement, juridiquement, pour la gloire du "plus beau métier du monde".

Franchement, tout ça me dégoutte un peu et je profite du mercredi pour craquer un peu :'(

Ca ira mieux demain…

PS Merci des encouragemens reçus ici, ça fait vraiment plaisir !
PPS merci aussi pour la soirée improvisée hier, elle était nécessaire !

7 commentaires:

Septentria a dit…

Hé bé, quelle journée... Ton récit se rapproche vraiment de celui du "Journal d'un remplaçant", c'est fou! Je n'arrive pas à imaginer qu'on peut enseigner dans de telles conditions... Courage! J'espère que tu auras l'occasion de découvrir d'autres écoles, pour ne pas rester sur cette expérience que je trouve assez traumatisante, pour ma part...

Anonyme a dit…

Je pensais avoir tout vu dans mon établissement APV des quartiers nord de Marseille. Mais je me trompais !!
Courage Julien ! Les vacances sont proches !!!!! Dis toi que toute l'éducation nationale ne ressemble pas à ça. Il ne faut pas te décourage du métier. Et puis ayant vu le pire dés le départ, tout ne peut être que mieux ensuite !!!
Continue à rester combatif et ne baisse pas les bras. N'oublie pas cette phrase de Brecht :"Celui qui se bat peut perdre mais celui qui ne se bat pas a déja perdu."

Anonyme a dit…

hé, je ne savais pas que tu avais un blog ! CHouette ! heu.. et puis sinon, bon courage..

Anonyme a dit…

Hé bé, les baptêmes se font avec l'eau, toi tu as auras droit aux cailloux... Tout ce qui ne te tue pas renforce, il n'empêche que j'aurai pas la patience de faire ce que tu fais. Alors courage, même si ça ressemble plus à une garderie qu'à une salle de classe. Tu sauras tirer profit de tout ca, quand le calme sera revenu...

Gilloud a dit…

Courage, c'est les premiers jours les plus durs... Les mômes te testent pour savoir à qui ils ont à faire et jusqu'où ils peuvent aller. Ne lâche rien, on est avec toi !

Anonyme a dit…

Alors Julien, comment s'est passé ta fin d'année ? PLus calme, j'espère !

Anonyme a dit…

Hey ! Mais c'est les vacances ! J'espère que tu n'as pas fini trop sur les rotules...