vendredi 3 octobre 2008

Je n'aurais pas fait la guerre du Viet Nam !

Certes, avec un titre pareil, il va falloir que je m'explique…
Je regardais aujourd'hui un épisode de Cold Case, une de mes séries policières préférées (saison 2, épisode 13, je pense).
L'histoire nous propulse ne décembre 1969, au moment du premier tirage au sort d'enrôlement dans l'armée américaine…
Depuis 1940, la draft est réinstaurée dans l'armée américaine. Le principe, c'est que l'amrée manque de volontaires : on va donc les désigner d'office. Mais comme on a pas besoin de tout le monde, ben il faut choisir. La méthode : le tirage au sort par date de naissance. À date programmée, on tire au sort l'ordre dans lequel les jours de naissances vont être appelés. On appelle dans l'ordre du tirage (du premier au 366e), mais on s'arrête quand on a atteint le quota. Le tirage au sort était télévisé, en 1969, et sortir dans les premiers signifiait gagner un aller simple (retour en option) pour Saïgon. Méchant tirage, hein ?
Du coup, devant cet épisode où le résultat de l'enquête est quelque peu lié au fait qu'un des protagonistes est né le 14 février et que cette date a été tirée en 4e, je me demande ce qu'il me serait arrivé à moi à la même époque : quel est le rang de ma date d'anniversaire (25 août) ? Alors je m'en suis reposé à la magie d'Internet et j'ai trouvé ce site sur les draft de 1969, 1970, 1971 et 1972. Vous pourrez y trouver les tabelaux récapitulant, pour chaque année les lucky ones qui ont pu rester à la maison et les beaucoup moins lucky ones qui ont dû partir…
J'ai évidemment regardé pour moi en premier (non mais !) et j'ai vu que je n'aurais probablement pas été drafté, puis j'ai regardé pour les amis dont je connais par cœur la date de naissance… Ben voilà, j'en connais qui seraient partis "to go and kill the yellow man".
Petite parenthèse finale sur le tirage au sort. Les Grecs antiques déjà le considéraient comme la méthode la plus égale de choix. Ils laissaient les Dieux montrer ainsi leur préférence. Je trouve que c'est tout de même un procédé violent et assez déresponsabilisant : c'est le sort, c'est Dieu… Dans le texte du site on y apprend que le tirage au sort de 1969 s'est ouvert sur une invocation et s'est clos sur une bénédiction…
"Si Dieu le veut" devient alors une manière assez adéquate pour faire croire que partir mourir au Viet Nam défendre des intérêts assez flous de la politique étrangère américaine était la volonté divine, le destin et non la responsabilité de quelques hommes politiques…
Je ne sais pas si Dieu existe, mais en tout cas, il a bon dos !

Pour conclure, la draft a été supprimée en 1973 aux USA : depuis lors, l'armée est constituée uniquement de volontaires. Bon, il y a le vrai volontaire et le faux volontaire. Le vrai volontaire, bon, il signe et bang, il fait la guerre. Le faux ben il signe et bang, il fait la guerre, mais tu vois tout de suite la différence, je veux dire, c'est pas pareil… voir Farenheit 9/11 de Michael Moore sur le sujet !

Merci à Kubrick, au Boss et aux Inconnus pour les clins d'œil…

PS : on estime que près de 70 000 jeunes américains ont fui au Canada pour éviter les drafts de 1969 à 1972… 70 000 ! C'est un chiffre énorme… et très encourageant ;-)

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bon article Rampa ! Je ne savais pas que le conscription américaine avait pris cette forme. Je croyais que tout le monde y allait (sauf W).
Au fait un détail pour préciser ta pensée : pour les Grecs, le tirage au sort ne fonctionnait pas pour la conscription mais pour le choix des différents magistrats (quoique je me demande si pour les stratèges, ils procédaient ainsi vuq eu Péricles l'a été pendant un assez long moment).

rampa a dit…

Effectivement, je n'ai pas précisé ceci, bien joué, Nico !

Tous les citoyens (et les métèques, je le pense, mais ne suis plus certain…) des cités grecs étaient conscrits, bien entendu…

En ce qui concerne Périclès et la charge de Stratège, je pense que c'était un poste élu par l'Assemblée.

Confirmé par Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Stratège

Les stratèges sont élus, 1 par tribu athénienne (donc 10 en tout) à partir de 501, sans limite de réélection.
Comme toutes les autres charges (dont celles d'archonte ou de polémarque -en théorie, chef de guerre) étaient désignées par tirage au sort, ils abandonnaient au stratège la conduite réelle des opérations militaires, le tirage au sort ne pouvant garantir de compétences militaires. Ce qui fait qu'au bout du compte, ce sont bien les stratèges qui prirent une place importante au sein de la vie politique de la cité (la guerre étant au centre de la vie politique grecque et, a fortiori, athénienne, dont nous parlons ici).
Voilà pour le résumé de l'article de Wikipedia.

rampa a dit…

Après vérification, le métèque ne participe pas vraiment à la vie militaire de la cité. À Athènes, certains devaient visiblement un service militaire, mais il était rare qu'ils ne partent en campagne.